COMBAT CONTRE L\' HYPERPHAGIE COMPULSIVE

La Culpabilité

J'ai longtemps cru que mes problèmes d'hyperphagie et d'anorexie étaient dus au fait que j'étais une enfant non désirée. Je me sentais coupable de la dépression de ma mère car on m'a toujours répété que je ne servais à rien et que j'étais l'accident de la famille.

Avec toutes ses insultes de la part de mon père alcoolique, il y a de quoi se poser des questions dès l'enfance.

 

Je me sens :

 

-         coupable d'être en vie,

 

-         coupable des malheurs des personnes qui me connaissent (que ce soit la famille ou connaissance).  A chaque fois qu'il y a quelque chose, je pense que c'est de ma faute même si je ne suis pas concernée directement je me sens toujours visée à tous les niveaux : familial, personnel, professionnel….

 

-         coupable de mes échecs répétés et de ma vie pitoyable. Coupable de TOUT.

 

parce que j'ai appris à l'être suite à ce contexte familial non serein. Je me suis souvent répété que j'aurais préféré ne jamais naître plutôt que de vivre cet enfer. C'est ainsi que naissent les idées suicidaires et/ou automutilation.

 

Je suis coupable également de mes rechutes répétées. Coupable d'avoir perdu le contrôle et l'hyper-contrôle sur tout notamment la bouffe. Car bien sûr pour éponger cette culpabilité.

Et voilà mon procès perpétuel que je me fais tous les jours dans ma tête depuis toutes ces années. Seulement la culpabilité et la honte s'accentuent surtout après les crises où je me sens comme une grosse « m…e » car je n'ai pas su contrôler la situation. Ensuite je suis en colère contre moi-même car j'ai craqué.

 

C'est aussi ne pas savoir dire « non ! » de peur qu'on nous aime plus.

 

La culpabilité a pour conséquence une dépendance affective surtout envers les parents (pour ma part ma mère) car on se sent responsable des autres sans penser à soi. C'est ainsi que l'on se sent obligé d'appeler ou de s'occuper de ses parents comme si les rôles auraient été inversés. Cette énergie dépensée à s'occuper des autres n'a aucune valeur pour soi-même car souvent on se sent incapable de penser à nous, à faire des choix ou résoudre nos propres problèmes (alors qu'on sait le faire parfaitement pour les autres).

 

Comment devenir adulte responsable dans un contexte familial qui vous rappelle que vous êtes irresponsable et incapable ? N'est-ce pas le problème des autres que l'on vous a transmis en guise de bienvenue sur Terre ? Il arrive souvent que le deuil d'un des parents ou les deux permette à la personne malade d'être sur le chemin de la guérison comme si leur présence rendait impossible celui-ci. C'est exactement mon cas. Après avoir compris pourquoi on m'avait pourri la vie je me sens responsable de ma mère et j'ai peur qu'elle meure. Je la sens perdue, fragile et son âge est avancé. Bien que je l'oblige à faire certaines choses toute seule (ex : apprendre à dire non), je suis incapable de le faire pour moi-même sauf si je n'ai pas le choix.

 

La culpabilité masque la capacité de pouvoir devenir un adulte indépendant et responsable.

 

Pour les personnes croyantes, la culpabilité a lien direct avec la peur et/ou la honte de commettre un péché qui engendre de la honte. C'est aussi la peur du jugement des autres ou de Dieu. On parle alors de culpabilité collective.

 

Elle génère de l'angoisse et peut aboutir sur une dépression. Elle peut représenter une punition sous toutes ses formes auquel le sort s'acharne contre vous. Il s'agit de la culpabilité inconsciente ou la névrose d'échec.

 

La culpabilité pathologique rentre dans le cadre d'une névrose obsessionnelle par exemple quand une personne se sent perpétuellement coupable : avoir la sensation d'être sans arrêt en faute même si rien n'a été fait en ce sens, avec une réflexion tendant au catastrophique (et si j'avais …)

 

La culpabilité prend des proportions de psychose mélancolique quand une personne se sent responsable de tous les malheurs dans le monde entier, des conflits meurtriers, et est intimement convaincue d'être indigne de vivre.

 

Me concernant, je souffre de la culpabilité d'exister. Plus un enfant vit dans un environnement serein et, encore mieux s'il a été désiré, moins il ressentira celle-ci.

 

L'hyperphagie est une forme de punition suite à la culpabilité. Mais étant trop jeune à l'enfance, on n'avait absolument pas le pouvoir d'intervenir parmi ce contexte traumatisant. On subit sans rien pouvoir faire. Le TCA se crée car il assure notre survie.

 

La culpabilité agit directement sur le corps, l'esprit et les émotions. On perd confiance et estime de soi ou alors on ne les acquiert jamais.

 

Quelle différence entre honte et culpabilité ?

 

La honte et la culpabilité sont des émotions voisines qu'il n'est pas toujours aisé de différencier. La honte résulte d'une situation d'infériorité perçue par les autres. Elle  apparaît donc lorsque nous nous dévalorisons devant autrui. Elle touche notre personnalité dans sa totalité. Elle nous pousse à nous isoler, à fuir le regard des autres, voire à les agresser pour faire cesser l'humiliation. La honte n'est pas une émotion uniquement négative car elle aide à bien se tenir.

 

La culpabilité apparaît suite à un dommage causé à autrui. Cette dernière pousse à réparer la faute commise. Nous avons alors l'impression d'avoir causé du tort à quelqu'un d'autre. On peut par exemple se sentir coupable de ne pas avoir aidé une connaissance dans le besoin. Cette culpabilité nous stimulera à lui offrir notre aide à la prochaine occasion.

 

Souvent on abuse des personnes souffrant de culpabilité car elles sont facilement manipulables.

Cette aspiration à réparer nos fautes fait l'affaire des manipulateurs. Il suffit pour eux de nous culpabiliser, c'est-à-dire de faire naître notre culpabilité, pour obtenir ce qu'ils veulent de notre part (« Après tout ce que j'ai fait pour toi, tu ne peux pas me laisser seul ! »). Par contre, ils n'ont aucun intérêt à nous humilier, c'est-à-dire à nous faire sentir honteux. En effet, une personne humiliée va fuir le regard des autres ou agresser ces derniers. Cela explique pourquoi les manipulateurs se servent de la culpabilité mais pas de la honte.

 

Comment peut-on gérer ses propres sentiments de culpabilité sans se laisser manipuler ?

 

Il s'agit de bien différencier le sentiment des actes qu'il nous pousse à accomplir. Eprouver de la culpabilité, c'est une chose. Agir pour atténuer ce sentiment désagréable, cela en est une autre. En fait, il s'agit d'apprendre à tolérer la culpabilité, à l'accepter.

 

En résumé, il faudrait accepter de vivre les sentiments de culpabilité plutôt que de vouloir les éviter à tout prix. Cela enlève une prise aux personnes qui essaient de nous manipuler. Je pourrais dire alors : « C'est vrai, je me sens coupable. Mais je ne vais pas pour autant faire ce que tu souhaites. ».

 

La reine des émotions mixtes est sans doute la culpabilité. Mais il faut distinguer la saine culpabilité de celle qui est malsaine. La jalousie, le mépris, la pitié, le dégoût, l'amertume, l'humiliation et la honte font aussi partie de ce cortège malicieux.

 

Þ    Culpabilité saine

 

C'est l'expérience que je vis quand je pose délibérément un geste qui est en désaccord avec mes valeurs. La culpabilité saine suppose toujours deux choses :

 

- que j'aie dérogé à mes valeurs et standards

- et que j'avais le choix de le faire.

 

Le fait que mon expression soit impulsive n'enlève pas le caractère libre de mon action. Je me suis laissée entraîner par ma colère mais elle ne m'a pas emportée.

 

 

Þ    Culpabilité malsaine dite de camouflage

 

C'est un déguisement de mon refus d'assumer mes propres désirs, sentiments ou choix. Elle sert à :

 

- À éviter d'assumer mes actes.

 

La culpabilité diminue à mes yeux ma responsabilité dans le choix que je ferai. Mon action est moins grave car je la pose «à regret». Je peux avoir l'impression d'être moins égoïste si je me sens coupable. J'obtiens donc grâce à mes yeux. Dans certains cas, sous prétexte de culpabilité, je n'agis tout simplement pas.

 

- À neutraliser la réaction de l'autre.

 

Si j'avoue que je pose un geste avec culpabilité, l'autre devrait m'en tenir moins rigueur. L'aveu de ma culpabilité est donc une manière de manipuler pour diminuer les conséquences de mon geste.

 

La culpabilité-camouflage a remplit souvent les deux fonctions à la fois: me donner bonne conscience et contrôler la réaction de l'autre. Elle est pernicieuse parce c'est un subterfuge pour éviter de s'assumer.

 

 

Abraham Maslow propose, sous forme de pyramide, un schéma simple et utile pour comprendre la hiérarchie des besoins de l'être humain. Vous y trouverez une liste de base des besoins de l'être humain. Selon Maslow, une personne ne peut accéder à la satisfaction d'un besoin si ceux qui sont à la base, donc plus fondamentaux, ne sont pas raisonnablement satisfaits.

 

                         

 

 

Sources :

Dicopsy.com

Acsm-ca.qc.ca

Yathalmann.ch

Aide.ulaval.ca



20/06/2011
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