COMBAT CONTRE L\' HYPERPHAGIE COMPULSIVE

Le poids naturel

Dans ce blog où je relate mon vécu avec la maladie et mon poids, je n’aurais jamais imaginé qu’autant de personnes serait sensible à ce sujet car aussi concerné.

 

La thématique étant l’hyperphagie compulsive, ce TCA m’a mené à l’obésité plus que morbide car ma durée de vie se résumait à quelques années et pas plus si je n’agissais pas.

 

J’aimerais parler d’un sujet qui me tient à cœur : la perte de poids et l’obsession de grossir. Depuis petite je me bats contre cet embonpoint, contre toutes ces moqueries et ces rabaissements (de la part des enfants mais surtout d’adultes contrairement à ce que l’on croit !! Les gens ont toujours besoin de ce qu’ils croient être plus faibles qu’eux pour distraction momentanée. Ca leur fait tellement plaisir alors que, certainement chez eux, ce sont eux le dindon de la farce car il faut voir leur réaction quand eux-mêmes se font insulter : ils peuvent en arriver aux mains. Alors pourquoi s’acharner sur des personnes en souffrance ? C’est aussi marrant qu’intellectuellement ces personnes ne valent rien et devraient se faire soigner. Pour moi elles ont un souci et se vengent sur les autres) ce qui m’a incité à faire un grand régime à l’âge de 13 ans qui a fini par tourner en anorexie restrictive (et non vomitive) pour retomber 5 ans après dans l’hyperphagie compulsive avec des pics anorexigènes.

 

A partir du moment où j’ai enclenché la case régime dans ma tête, plus rien ne comptait mise à part l’hyper-contrôle de la situation. Et même encore maintenant les stratégies de contrôle sont terribles car tout comportement alimentaire et non alimentaire est devenu obsessionnel. Il faut vraiment batailler pour sortir de ce cercle vicieux de la restriction cognitive (voir article ici).

 

Forcément quand on perd 40kg et qu’on en reprend 80 et vice versa pendant des années suite à un simple régime, la balance devient amie et ennemie en même temps. On ne fait que de penser à çà et s’en arrêt.

Je souhaite revenir sur le sujet relatif au poids.

Quand on n’est pas atteint de TCA et que le corps n’a pas ou peu de variations de poids (sauf période de fêtes), en principe, les personnes savent se réguler toutes seules.

Quand on a un TCA, c’est obsessionnel mais il existe 2 situations :

 

-         la personne qui a pris énormément de poids (comme moi)

-         la personne qui prend un peu de poids ou a des variations de quelques kilos en plus ou moins.

 

Bien sûr quand on a atteint presque les 160kg il peut être difficile de comprendre toutes ces personnes se torturant l’estomac pour perdre 1-2-3 kg alors que le poids est sensé être normal ! Je précise que ce sont des personnes n’ayant pas de TCA. Pourquoi chercher à se faire du mal et gaspiller des euros sur des produits pour perdre 500g ou plus mais les reprendre aussitôt. Il ne faut pas penser que certains gros le sont car on s’en fout du poids. Non au contraire, la plupart a tout essayé et est expert en régime. Et justement si on n’avait jamais commencé de régime on n’en serait pas arrivé là et çà nous a même mené à un TCA. Quand on a plus de 80kg à perdre, vous comprenez bien que les sarcasmes sur toutes ces bonnes femmes qui viennent vous saoûler avec leurs 2kg à perdre, non merci ! Elles n’ont pas conscience que non seulement c’est dangereux pour la santé car çà peut mener à un TCA à terme et qu’en plus : qu’est ce qu’on s’en fout de ses 2kg puisque j’en ai 80kg à perdre et que toi t’as pas de TCA et qu’il ne s’agit pas de manger ou arrêter de manger !! Alors vous les voyez scruter les gamelles de tout le monde le midi, se congratuler de ne manger que du poulet à vie et se permettre de faire des réflexions devant tout le monde sur le poids ou ce qu’untel mange ou sur les kilos d’untel.
Alors quand on a un TCA, on ne peut pas manger dans une telle ambiance car le repas est déjà stressant, manger avec les autres n’est pas évident, on a nos pensées obsessionnelles qui influe sur ce comportement, si en plus on vient nous faire chier pendant ce moment, je dis NON !

Etant donné que ces personnes sont devenues expertes et critiques à qui perd ou a perdu le moindre gramme, on vous saute dessus si elles remarquent que vous avez perdu quelques kilos : « mais c’est quoi ton régime miracle ? Je veux savoir à tout prix tout ce que tu manges ». On en devient, que par intérêt je tiens à préciser, leur meilleure associée car elles sont à l’affût de tout pour perdre leurs 500g. Au début je camouflais la perte de poids par des vêtements larges pour ne pas que çà se voit. Maintenant que ma perte de poids est devenue flagrante et que je ne peux plus la cacher, comme par hasard on vient me chercher pour aller en pause etc…mais dans le but de me poser des questions que sur le comment j’ai fait pour perdre du poids ! Car on ne va pas me demander si je vais bien non, çà on s’en fout !! C’est ma recette miracle qu’on veut !! On vient même m’écrire par mail pour me le demander : chose que je refuse catégoriquement.

Non seulement en thérapie cognitive et comportementale, on vous demande d’apprendre à manger sereinement sans stress par rapport à l’assiette ou au tuperware et surtout de penser le moins possible à la maladie. En plus il faut se concentrer au début pour capter les signaux de faim puis de satiété.

Ce que les gens ont du mal à comprendre c’est que mon alimentation est normale avec des aliments interdits tous les midis (dont le dessert ! ou pizza ou autre) et que je maigris quand même et avec un tuperware blindé et que mon poids se stabilise et que, pour le moment, je n’ai pas repris de poids ! A côté, c’est blanc de poulet et 3 feuilles de salade. Elles n’ont pas de TCA car je reconnais tout de suite une personne qui en a un par ses agissements car j’ai eu les mêmes donc je connais !

Heureusement tous mes collègues ne sont pas comme çà ! Il a fallu quand même que je gueule et que je dise que : « vous avez bien vu ce que je mange maintenant vous allez me foutre la paix avec vos conneries. Plus personne n’a intérêt à venir me saouler quand je mange et c’est plus la peine de venir me voir pour me parler de régimes. Est-ce que c’est clair ? ». Depuis on me fiche la paix : je les appelle les pestiférantes. Sinon pour mes autres collègues, elles savent que je ne veux pas parler de tout çà et me laissent tranquille. De temps en temps j’apprécie toutefois un compliment de leur part (et non des pestiférantes) car je sais que c’est sincère quand elles me disent que je suis mieux maintenant (même si j’ai encore beaucoup de chemin à faire !).

 

Pourquoi je vous raconte çà : car ils font distinguer ce genre de personnes pestiférantes des personnes qui sont atteintes de TCA et qui se battent tous les jours contre leur poids. Car pour elles c’est obsessionnel car orchestré par la maladie et çà n’a rien à voir ! Que ce soit la boulimie ou l’anorexie, je connais cette souffrance qui vous détruit car votre cerveau n’existe plus : c’est l’hyper contrôle qui devient cerveau et dicte tout pour aboutir au poids absolu. Donc si une personne qui a un TCA me parle de sa souffrance de perdre ou sa phobie de prendre 100g, je comprends complètement cette souffrance car moi-même j’ai passé des heures en salle de sport pour 100g ou alors j’étais obsédée par le fait que la pesée du soir devait être égale voire moindre que celle du matin. J’ai vécu tout çà, je comprends et j’accepte ce genre de réflexion. Car voir 100g de plus sur la balance je peux vous dire qu’on ne pense qu’à çà toute la journée, çà rend malade car la culpabilité ne vous lâche pas et on va être obsédé(e) par toutes les stratégies inimaginables pour pouvoir les perdre. D’où les vomissements pour les boulimiques et anorexiques qui ont la phobie de prendre du poids suite aux crises. Ca a l’air ridicule pour certains de se prendre la tête pour 100g mais non, puisque c’est une maladie !

 

En réalité chacun de nous est doté de son poids appelé « poids naturel » ou « set-point » et qui serait génétiquement déterminé. Personne ne le connaît. Il s’avère que si une personne a le même poids depuis X temps, il se peut que ce soit son poids naturel. Le corps a la faculté de se réguler tout seul et de faire la distinction entre l’apport alimentaire et la dépense alimentaire. Ce sont les excès mêmes moindres qui font soit maigrir soit grossir à terme. Exemple : une personne qui n’a jamais fait de régime et qui rajoute un aliment à ce qu’elle a l’habitude de manger alors qu’elle est stable en poids depuis toujours, peut prendre du poids sur le long terme / quelques grammes par an qui peut se cumuler dans quelques années.

 

Par exemple une personne peut avoir un poids naturel à 68kg pour 1,60m ou encore 75kg pour 1,70m ou encore 45kg pour 1,60m. Il ne s’agit pas de la croyance du poids idéal à 10kg de moins que la taille, non pas forcément !! Le sondage auquel certain(e)s ont participé a révélé que la plupart est persuadée que le poids idéal est 10kg de moins que la taille.

Penser que faire 1,70m et peser 45 kg soit l’idéal = non ! Si génétiquement le poids est programmé à 63kg, vous aurez beau faire ce que vous voulez, naturellement vous ne pouvez pas maintenir éternellement ses 45kg à moins d’être en permanence dans le contrôle (mais on a vu qu’il avait ses limites et qu’au bout d’un certain temps on craque).

Après je ne pense qu’aucune personne n’ait un poids qui soit programmé à 3 chiffres sauf pour les cas particulier où le poids émane d’une déficience génétique.

 

En thérapie cognitive et comportementale, nous tous qui nous battons tous les jours contre ce poids depuis toutes ces années, tout le monde s’interroge : « mais quel est mon poids naturel ? ». Pour certains, ce sera l’acceptation de grossir pour d’autre de maigrir. Tout en sachant qu’il est plus facile d’accepter de maigrir car c’est ce que l’on rêve depuis toujours, plutôt que de grossir. Il peut s’agir de quelques grammes comme 1kg ou 3 ou 7 ou 15.

 

On va vous demander d’écouter vos sensations alimentaires et voir jusqu’où le poids peut aller : soit grossir soit maigrir (tout dépend si vous êtes sous-alimenté ou sur-alimenté avec ou sans vomissements). Ou si votre poids est stable ou que vous revenez finalement toujours au même poids qui se maintient, il se peut que ce soit ce poids qui soit votre « set-point ».

 

Avant d’en arriver là, c’est toute une approche de rééducation de sensations physiques alimentaires commençant par la faim puis la satiété etc… qui est conseillé. Avec beaucoup de temps suite à toutes ces années de mauvais traitement de ce corps pour obtenir la perfection physique, faisons confiance à ce corps, qui a la faculté de se réguler seul. Soyons à son écoute pour sortir enfin de cet enfer que nous avons créé et qui nous empoisonne.

 

Bien sûr, quand on apprend toute cette histoire de poids naturel, on ressent beaucoup de stress : mais quel est-il ? Quand on a un TCA est que le poids nous hante, inutile de vous dire qu’il est plus que compliqué et stressant d’arriver à accepter que son poids naturel soit plus important que le poids idéal fixé dans la tête. Ca peut prendre des mois voire des années… mais çà fait partie de la prise en charge pour espérer s’en sortir.

 

Source :

Adieu régime, bonjour la vie. Marie-France Lalancette, Éditions de L'Homme

 

 

 



22/03/2012
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